Elles
sont jeunes, elles sont riches, elles sont belles. Nous sommes en 1923
et tout peut arriver ! Trois jeunes filles issues de la haute société
américaine rêvent de vivre avec leur époque et de s'opposer aux codes de
bonne conduite dictés par leur milieu.
Gloria, dix-sept ans, rêve de vivre la nuit, de danser, de faire la
fête. Un soir, elle sort en cachette en compagnie de son ami Marcus, et
se rend dans un bar clandestin, tenu par le bras droit d'Al Capone. Elle
y rencontre Jérôme, le pianiste de l'orchestre et en tombe amoureuse.
Mais leur histoire st impossible : Gloria est blanche, Jérôme est noir
et, dans cette Amérique des années 20, les relations mixtes sont
interdites...
De plus, Gloria est fiancée et va bientôt épouser le fils d'une
puissante famille de Chicago. Sa cousine Clara arrive de New York pour
aider aux préparatifs du mariage. Et Marcus tombe sous son charme. Mais
Lorraine, la meilleure amie de Gloria, ne le supporte pas, et semble
prête à tout pour conduire Clara à sa perte.
Un
collier de perles sur la couverture et la promesse d’une histoire
placée dans le Chicago des années 20... Il n’en fallait pas beaucoup
plus pour me tenter ! Je me méfiais un peu de l’aspect jeunesse de ce
titre mais les romans historiques sont choses si rares du côté de la
Young Adult (comparé à l’imaginaire), qu’il mérite d’être noté !
Je
ne sais pas si cette lecture me marquera longtemps - il faut avouer que
l’ensemble reste un peu superficiel - mais j’ai passé un assez bon
moment et envisage même de lire la suite - qui s’annonce un peu plus
épineuse - à sa sortie.
Si
je retiens une chose de Cabaret, c’est bien l’univers et le décor dans
lesquels cette histoire prend place. Bars clandestins, maisons
bourgeoises, quartiers noirs défavorisés où évoluent les gangsters (dont
un certain Carlito Macharelli), les jeunes filles blanches riches, les
musiciens noirs et les garçonnes aux cheveux courts. La Prohibition est
d’actualité mais hommes et femmes savent se débrouiller pour trouver et
consommer de l’alcool, clandestinement. Les jeunes filles veulent se
libérer du carcan des hommes et s’émanciper ; elles sont de plus en plus
nombreuses à suivre l’exemple des garçonnes libres et aventurières. Les
robes et jupes suivent les coupes de cheveux en se raccourcissant, les
décolletés sont plus profonds, les maquillages plus appuyés et les
longues mains sont souvent occupées avec un verre de martini et un
porte-cigarettes. Le charleston fait son apparition et les danses sont
de plus en plus endiablées…
Je
pense que vous avez assez d’éléments pour vous imaginer dans quel décor
les trois héroïnes de Cabaret vivent leurs aventures. Jillian Larkin se
débrouille bien lorsqu’il s’agit de mettre en place les différents
tableaux de son histoire, notamment les descriptions du Green Mill, le
célèbre bar clandestin de Chicago, appelé ainsi en référence au Moulin
Rouge (« Red Mill »). Les nombreuses tenues (surtout féminines) sont
également généreusement traitées et bien mises en avant. Je n’ai donc
pas eu beaucoup de mal à m’immerger dans cette histoire, ce qui a rendu
ma lecture agréable et dépaysante.
En
revanche, les autres aspects de ce roman souffrent un peu du public
visé : les adolescents et jeunes adultes. De ce fait, l’intrigue reste
assez simpliste et convenue et les personnages trop peu développés, trop
en surface.
Et
c’est dommage car il y a du potentiel.
Jillian Larkin offre trois (voire quatre, si l’on compte le dernier
chapitre) points de vue externes différents puisqu’elle propose
alternativement (selon les chapitres) les aventures des trois héroïnes :
Gloria, Clara et Lorraine. La première, jeune fille riche de 17 ans,
doit bientôt se marier avec un grand nom de la société de Chicago mais,
rebelle, elle se rend compte que cette vie n’est pas celle qu’elle
attend et évidemment, elle tombe amoureuse d’un talentueux pianiste
noir. La rébellion et la romance sont assez clichées et pas très
surprenantes mais on s’attache tout de même à cette jeune Gloria - qui
rêve de devenir chanteuse - et à son Jérôme. Lorraine est présentée
comme la meilleure amie de la précédente mais on comprend bien vite que
cette jeune fille égoïste, capricieuse et égocentrique jouera plutôt le
rôle d’ennemie. Si le but de Jillian Larkin était d’en faire un
personnage détestable, il n’y a pas de problème, c’est réussi. Je
déplore tout de même un petit manque de nuances pour cette figure, même
si les dernières pages laissent présager une suite plus intéressante la
concernant. La troisième héroïne, Clara, débarque de New York après une
année de débauche dans la peau d’une garçonne. Ses parents l’envoient à
Chicago pour aider au mariage de sa cousine. Ici, personne n’étant au
courant de ses déboires (sauf sa tante), elle décide de jouer le rôle de
la gentille paysanne fraichement débarquée de Pennsylvanie. Même si là
encore, on peut déplorer un manque de surprises et un certain
manichéisme, Clara se révèle tout de même être la plus intéressante des
trois, à mon goût.
Quant
aux personnages masculins… et bien, ils sont très secondaires et sont
encore plus manichéens que les demoiselles : le futur mari déplaisant,
l’amant parfait mais intouchable, le meilleur ami dévoué et même le
gangster mystérieux, dangereux et presque séduisant. Jillian Larkin a
mis les femmes en avant dans ce premier tome, c’est évident. Sans doute
pour appuyer son propos sur l’émancipation et coller à la mode des
garçonnes. Mais je pense que les hommes sauront sortir leur épingle du
jeu dans le tome suivant et j’espère que l’auteure nous réserve quelques
surprises de ce côté-là…
Une
remarque m’est venue en tête pendant et surtout après ma lecture… les
héroïnes me paraissent bien jeunes pour les aventures qu’elles vivent et
leurs actions. Clara notamment. Lorsqu’on découvre son passé et tout ce
qu’elle a vécu, on est surpris d’apprendre qu’elle a seulement 18 ans.
Je sais que les jeunes filles de 17/18 ans dans les années 20 n’avaient
pas du tout la même maturité que les demoiselles du même âge, cent ans
plus tard, mais ça me parait tout de même assez invraisemblable et
exagéré. Je ne connais pas la vérité historique mais j’ai été un peu
gênée par cette jeunesse ambiante (même les gangsters semblent tout
juste sortis de l’adolescence). Cinq ans de plus pour tous les
personnages rencontrés, n’auraient pas été superflus, à mon goût.
Encore
une fois, je crois que ce choix a été dicté par le public visé ; les
adolescents et jeunes adultes se reconnaissent davantage dans des héros
de leur âge. A mon sens, l’intrigue, les personnages… bref, l’ensemble
du texte, aurait gagné en profondeur et en intérêt si les personnages et
lecteurs visés avaient pris quelques rides !
Cependant, Cabaret est une bonne approche, une approche en douceur, de
ce qu’étaient les années folles aux Etats-Unis. Une bonne façon pour les
plus jeunes (notamment les jeunes filles) de découvrir une mode, un
univers, une ambiance, qu’ils ne soupçonnent sans doute même pas (la
place de la femme et des musiciens noirs dans la société par exemple).
Le livre en tant qu’objet est, qui plus est, particulièrement joli et
soigné. C’est un détail futile, je sais, mais quand même !
Je peux paraître un peu sèche dans cette chronique, mais j’ai apprécié
ma lecture. Les décors sont fidèlement décrits, l’atmosphère propre aux
années 20 est là et, malgré le caractère un peu superficiel des
personnages, on prend plaisir à suivre leurs aventures - certes
attendues, mais tout de même divertissantes.
"Et parmi eux, étincelantes elles aussi, les garçonnes allaient et
venaient avec indolence. Les garçonnes : c'était le nom que se donnaient
les femmes modernes, indépendantes. Insouciantes et glamour, elles
semblaient tout droit sorties d'une double page de Vogue, ou d'un film
hollywoodien. Elles tenaient de longues cigarettes entre leurs doigts
couverts de bagues, s'exhibaient sur la piste de danse au son du
charleston, ou flirtaient sans vergogne, cocktail en main et sourire
mutin aux lèvres. Avec leurs flamboyants boas, les plumes de paon qui
ornaient leurs serre-tête argentés, leurs lèvres vermillon et leurs
parures de perles, paillettes et strass, on aurait dit des oiseaux
exotiques. Et tous ces dos et ces bras nus ! Même à la plage, Gloria
n'en avait jamais vu autant."
"Elle venait d'ingurgiter son premier verre, et elle avait l'impression
d'avoir vidé le flacon de parfum de sa grand-mère. Franchement, c'était à
se demander pourquoi les gens regrettaient que ce soit interdit..."
Très bonne chronique, que j'approuve, même si je suis peut-être un peu moins enthousiaste que toi encore ;) Pas assez profond à mon goût, je m'attendais à mieux... même si ça reste un livre agréable
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