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01/03/2012

Jade, Fille de l'Eau de Nina Blazon

Jade vit dans une ville commandée de main de fer par la redoutable Lady Mar. La souveraine, qui semble terrifiée par l’eau, a déclaré la guerre aux Échos, des créatures aquatiques aux pouvoirs étranges. Jade qui dissimule qu’elle està moitié Écho oublie le danger quand un nouveau venu arrive en ville : Faune, qui l’attire irrésistiblement. Mais Faune est un chasseur d’Écho qui a grandi dans la haine de ce peuple inconnu. Voilà Jade amoureuse de celui qui pourrait bien la tuer… 



Il y a quelques jours seulement, je découvrais la plume de Nina Blazon avec sa Femme du vampire. Ayant adoré cette histoire inspirée de faits réels, j’étais très curieuse de découvrir l’auteure dans un genre, un univers différents. 
Jade, fille de l’eau ne sera pas un coup de cœur (ou alors un mini) car il m’a manqué un peu de fluidité dans le récit, du moins au départ, pour que j’accroche pleinement de la première à la toute dernière ligne. Cependant, ce texte, tout comme l’autre roman de Nina Blazon, marque par son originalité et la mise en place d’une atmosphère unique. Je pense que je vais suivre de très près cette jeune auteure allemande qui me semble très prometteuse, avec un style bien à elle. 

Si je ne fais pas de cette lecture un vrai coup de cœur, c’est à cause de l’introduction, des premières dizaines de pages qui nous plongent brutalement dans cette histoire sans aucune préparation en amont. Je me suis sentie perdue. Etre jetée dans la mêlée a parfois du bon, mais peut aussi freiner - voire « dégoûter » - quelques lecteurs impatients. Il faut donc un moment d’adaptation, quelques pages pour comprendre où l’auteure veut nous mener et quelques pages encore pour entrer totalement dans cette histoire. Disons que Nina Blazon fait un peu travailler son lecteur, ce n’est pas du « tout cuit ». C’est une bonne idée, mais quelques indications supplémentaires auraient tout de même été les bienvenues. C’est, il me semble, le seul point négatif que j’ai relevé lors de ma lecture. 

En même temps que l’univers se met plus ou moins en place (ayez bien en tête qu’il faut du temps pour comprendre les tenants et les aboutissants de celui-ci… certains éléments ne sont d’ailleurs dévoilés qu’à la toute fin), le lecteur fait la connaissance de l’héroïne Jade - qui donne son titre au livre (d’ailleurs, ce titre est peut-être un petit peu trop explicite, non ?) - et de son entourage : Martyn son meilleur ami et ancien amoureux, Lilinn son amie et cuisinière du Larimar, hôtel anciennement très luxueux où elle vit avec son père Jakob. 
Jade a 19 ans et on comprend très vite (dans le tout premier chapitre), que c’est une tête brûlée qui n’a peur de rien, curieuse et rebelle dans l’âme. Si elle a parfois quelques réactions un peu agaçantes, elle incarne la plupart du temps l’héroïne que l’on aime suivre : vive, se battant pour ce qu’elle croit être une juste cause, amoureuse… Elle fait rapidement la connaissance de Tam -qui se révèle bien moins amical qu’elle l’imaginait - et de son compagnon Faune, un grand jeune homme blond qui lui montre immédiatement une hostilité désarmante. Ces deux-là s’installent au Larimar et donnent des ordres qu’il ne vaut mieux pas contredire. Jakob et sa fille, contraints par leur allégeance à Lady Mar (la « Reine » qui porte un masque en fer), sont obligés d’accepter les deux étrangers et leurs nombreux animaux enfermés dans des caisses, venus rendre visite à la grande dirigeante. La cohabitation dans l’hôtel n’est pas sans accroc, Jade ne pouvant s’empêcher de mettre son nez partout, surtout dans les affaires des autres. Mais c’est à force de fouiner qu’elle découvre beaucoup de secrets et commence à se rendre compte que les Echos, les créatures ennemies, ne sont peut-être pas si mauvaises que la Lady a toujours voulu le faire croire…

Avec cette histoire, Nina Blazon nous entraîne dans un monde et une époque totalement inconnus. Est-ce une vision future de la Terre (il y a quand même l’électricité, de façon entrecoupée) ? Ou un univers complètement à part ? On ne le sait pas. Jade vit dans un paysage ravagé par une ancienne guerre. Les gens pauvres risquent leur vie au marché noir, la vieille ville est en ruines, des chasseurs font constamment des rondes et tentent d’éliminer des Echos isolés. 

Au fil des pages on comprend que ces créatures transparentes au sang d’eau, ne sont pas si éloignés que ça des humains, mais la guerre fait rage, la Lady veut tous les éliminer et tous les habitants les redoutent. La tyrannie règne sous l’aspect d’une femme portant un masque de fer. C’est le règne de la terreur (ceux qui ne payent pas leurs « impôts » sont exécutés, la moindre suspicion de trahison conduit au gibet). Dans ce climat tendu, des rebelles se regroupent, décidés à renverser le pouvoir en place et à prendre la tête de la ville. 

Ce que je trouve particulièrement intéressant ici (et c’était déjà un peu le cas dans La Femme du vampire) c’est que le fantastique n’est qu’une petite part de l’ensemble. En effet, si l’on retire les Echos (en les remplaçant par exemple par un autre peuple d’humains) et les deux ou trois autres petites touches de surnaturel, on se retrouve avec une histoire particulièrement vraisemblable, voire réaliste ! Une tyrannie, un peuple vivant dans la terreur prêt à croire n’importe quoi et à suivre aveuglément les ordres pour ne pas risquer la pendaison, un groupe de rebelles et, au milieu de tout ça, une jeune fille qui s’émancipe, ouvre les yeux, comprend l’ampleur de la machination et qui est bien décidée à résoudre quelques énigmes (et quelques secrets de famille) ! 

 J’ai trouvé l’intrigue plutôt bien menée. Quelques révélations n’étaient pas des surprises mais d’autres m’ont scotchée. Je pense que les aventures de Jade sont terminées (à moins que ?…) mais à mon goût, l’univers est assez riche (et surtout encore assez mystérieux) pour qu’une suite puisse voir le jour. Beaucoup d’éléments m’ont fait me poser des questions auxquelles je n’ai pas eu de réponses (le mystère entourant Lady Mar par exemple). Je n’ai encore rien dit sur l’inévitable histoire d’amour (et le triangle amoureux). Sans être particulièrement surprenante ou originale, la relation entre Jade et le jeune homme est assez bien traitée. Je n’ai pas forcément vibrée mais j’ai trouvé que Nina Blazon l’introduisait et la faisait évoluer de façon très vraisemblable. Cette love story ne prend ni trop de place ni pas assez mais sert assez bien l’intrigue principale. 

 Je finirai ce long blabla par une réflexion au sujet de la narration. Cette fois, et contrairement à La Femme du vampire, Nina Blazon a fait le choix d’utiliser le point de vue externe (avec une troisième personne du singulier). Il me semble qu’un point de vue interne aurait peut-être permis au lecteur d’entrer plus facilement, du moins au début, dans l’univers proposé. A travers les yeux de Jade qui aurait été l’unique narratrice, le lecteur aurait peut-être ainsi eu plus de clefs de compréhension et se serait attacher encore plus à l’héroïne. Mais c’est un choix de l’auteure, pas si mauvais au demeurant… 
Enfin, et c’est une des raisons qui me poussera à suivre les prochaines publications de Nina Blazon, l’auteure possède un réel talent pour créer des atmosphères, des ambiances complètement uniques. Les descriptions ne sont pas très détaillées mais suffisent au lecteur qui peut alors faire travailler son imagination pour visualiser les scènes. Et je peux vous dire que visualiser des scènes, construire des images, j’en ai encore plein la tête : les nombreux étages du Larimar délabré, les caisses sur le bateau contenant les créatures étranges, la cave inondée, les prisonniers suspendus… Et cette atmosphère aquatique, un peu moite… et finalement très poétique qui ne lâche pas le lecteur tout au long de la lecture ! 
Vous l’avez compris, j’ai vraiment beaucoup aimé. 

Et si l’auteure ne m’avait pas perdue dans son univers flou au départ, ça aurait été un beau coup de cœur ! Nina Blazon est une auteure prometteuse, il me tarde de découvrir son prochain titre ! 

Les Petits + : Une héroïne attachante (malgré quelques réactions agaçantes) : vive, curieuse, débrouillarde et un poil rebelle ! Nina Blazon a l’art de mettre en place des univers, des atmosphères uniques et joue sur l’imagination du lecteur. Une intrigue bien menée avec son lot de révélations plus ou moins surprenantes. Un univers dans lequel le fantastique ne prend pas toute la place, on se retrouve donc face à une situation qui pourrait quasiment être réaliste ! 
Les Petits - : Une plongée un peu brutale dans un monde complètement inconnu, on se sent un peu perdu au début. L’emploi du « je » aurait peut-être permis de minimiser un peu cet inconfort ? 


Encore un grand merci aux éditions Albin Michel pour ce service presse !

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