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26/10/2011

Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier

 

Damien est un garçon trop sensible, méprisé par ses copains de classe depuis toujours et incompris de ses parents. Dès l’arrivée dans son nouveau collège, il se retrouve par miracle sous la protection de la bande de gothiques et de son leader, Samy, un garçon lumineux, intelligent et doux, en dépit de son look radical.Très vite, Damien devient Dam, adopte piercings et vêtements noirs et, surtout, trouve auprès de Samy un véritable ami, et peut-être plus, au point de déclencher des représailles chez son père, contre ces « mauvaises fréquentations ». Au fur et à mesure des pages, le lecteur découvre la profondeur de la souffrance de Dam : depuis longtemps il a pris l’habitude de se scarifier les cuisses, incapable qu’il est d’exprimer sa souffrance et sa solitude. Il lui faut chaque soir « libérer son sang » pour se sentir mieux. « Tant que je saigne, je suis vivant », dit-il. Car Dama peur, de tout le monde et surtout de lui-même. Samy, à l’inverse,est un garçon bien dans sa tête et dans son corps, et sait dire trèsnaturellement son attirance pour Dam. Les deux garçons finissent par s’afficher ensemble au collège et tant pis si on les traite de« lopettes satanistes ». Résistant à la colère paternelle, Dam retrouve Samy en cachette, pour parler, écouter de la musique et s’embrasser. L’amour entre les deux garçons est si puissant qu’on pourrait espérer qu’il libère Dam de sa souffrance. Le jour de son anniversaire, les deux garçons se retrouvent dans sa chambre et le titre du roman trouve enfin son explication : faire l’amour pour la première fois… ou mourir. Résumer ce livre est une entreprise frustrante car il contient bien plus que ces mots clefs si tendance dans le roman ado : gothiques, homosexualité, scarifications. C’est un roman exceptionnel par sa justesse d’écriture, son émotion, et la fin vous laissera pantois. Pour l’anecdote, l’auteur n’a envoyé ce livre à des éditeurs que parce qu’une de ses amis l’a forcée à le faire…. Elle ne croyait pas qu’il puisse intéresser quelqu’un !

Wow, quel roman ! Damien est un garçon sensible, intelligent et attachant. Mais il a des parents obtus, vraiment obtus, surtout son père. Sa mère, elle, n'ose rien dire. Dam est prisonnier des conventions familiales, sociales, et pour s'exprimer, il se taillade la peau. Alors, le sang coule, comme des mots, et cela le soulage, l'empêche d'étouffer, d'exploser.

Samy est un garçon lumineux, doux et en même temps sûr de lui, et de ce qu'il ressent. Il sait exprimer ses sentiments, son amour pour Dam. Il a été élevé différemment, par une mère aimante. Là où le père de Damien ne voit qu'une "lopette sataniste", nous voyons un garçon incroyable, qui a une capacité d'amour infinie, et qui se fiche des conventions. Lui et sa bande n'ont aucun carcan, aucune étiquette, seule l'attention qu'ils se portent compte, même s'ils respectent l'école, qui apporte un avenir. Pour Samy, l'être humain est libre, fait ses choix et doit exprimer ce qu'il est.

Les pages se tournent, on dévore le quotidien de Dam, on vit avec lui sa souffrance, sa boule au ventre quand il est avec Samy, le manque qu'il éprouve quand il n'est pas avec le garçon. C'est juste, vrai, et leur histoire est très belle, pas convenue. Mais la souffrance de Damien est un obstacle à l'épanouissement complet de leur amour.

Et puis, il y a cet incroyable rebondissement, le jour des seize ans de Damien, jour charnière, qui nous laisse atterrés, avant qu'on comprenne, juste avant la fin, que l'amour est salvateur, que l'exprimer, le faire, a empêché le pire . Le titre prend alors tout son sens.

Le style est âpre et doux, puissant et émouvant. L'auteure a imaginé avec une grande justesse les mots d'un garçon de seize ans, qui découvre l'amour. L'écriture devient une puissance libératrice, comme les sentiments. C'est un grand roman. Coup de cÅ“ur, coup de cÅ“ur ! 

Écrit par Christelle

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